lundi, février 23, 2009

La peche au thon




Interview d'Albert Edouard par le Midi Libre
- Midi Libre : Qu’est-ce qui vous a incité à écrire vos souvenirs de la pêche au thon ?
- Albert Edouard : J'ai voulu remettre en valeur les anciens que les jeunes pêcheurs d'aujourd'hui, ceux qui ont pris le relais, n'ont pas connus, et démontrer qu'avec peu de moyens ils étaient des pêcheurs exceptionnels, car nous n’avions pas d’équipement tels que les sondeurs. Un François Romieu, par exemple, connaissait le fond de la mer comme on connaît les vieilles rues de Montpellier.

- Cette pêche, telle que vous la décrivez, semblait réglée comme une chorégraphie.
- Effectivement, chacun savait ce qu’il avait à faire et suivait les ordres du patron pour l’ouverture et la fermeture du globe. Seul un changement de courant pouvait en perturber le déroulement.

- Etiez-vous nombreux, dans les années 50 ?
- Il y avait, à Palavas, 200 familles qui vivaient de la pêche. Un microcosme avec ses personnalités, comme Rachou ou Amazeut qui, aujourd'hui, pourraient prétendre à une carrière d’humoriste. J'ai voulu qu'on retrouve un peu ces gens avec leurs surnoms. Mon seul regret c'est de n'avoir pu tous les évoquer. J'ai essayé de recréer l'ambiance de cette pêche que j'ai bien connue. J'y suis allé pour la première fois à 14 ans. On restait dans la petite barque, on ne devait pas parler et il était interdit de se mettre à l'ombre, sinon on passait pour un faignant. Quand j’ai eu 20 ans, une nouvelle génération est arrivée et l'ambiance a un peu changé, mais il y avait toujours le respect du patron.

- Trouviez-vous votre travail rude ?
- C’était un travail difficile, je ne dirai pas rude. On n'était pas malheureux mais le travail était sacré. Il prenait une grande partie de notre vie on ne le faisait cependant pas en traînant les pieds. Moi, j'ai toujours fait des trucs qui m'ont plu. J’ai le souvenir d’un réveillon terminé à 3 h du matin aux Coquilles et, à 5 h, j’étais au Grand-Travers. Le boulot c'était le boulot !

- Vous évoquez, avec beaucoup de tendresse, le rôle des femmes.
- Oui, car elles étaient à la maison mais elles avaient aussi un rôle important. Elles aidaient le mari en faisant les filets, en élevant les enfants, en cuisinant. J'ai voulu leur rendre hommage.

- Vous faites revivre l’ambiance du village de l’époque.
- J’ai voulu que les plus anciens se souviennent du café, Chez Adélaïde ou chez Marie Frabresse, et de Nini qui tenait le bazar de la rue de l’Eglise et chez qui on trouvait tout, même des cadeaux, et que les jeunes se fassent une idée de la vie de leurs aînés.

- Dans votre livre, à peine un peu de nostalgie, pas de tristesse. C'est la tendresse qui domine.
- Bien sûr, j'aimais tous ces gens mais il se termine sur une pointe d'inquiétude, celle de voir la disparition des thons. A notre époque, ils avaient plus de chance qu'aujourd'hui, le combat n'était pas aussi inégal. Maintenant on les repère même depuis des avions. Ils venaient à la côte, maintenant ils n’y viennent plus : le bruit et la pollution en seraient la cause. On les pêchait en mai et en juin, en juillet on n'en voyait pas, ils revenaient début août, pour la fête de Pérols, c'était rituel, et on en pêchait jusqu'en septembre…

Pour la sortie de son livre, Albert Edouard invite les Palavasiens à un vin d‘honneur qui sera suivi d’une séance de dédicace, le jeudi 26 février à 18 h 30, à la pizzeria El Fuego, rue Saint Roch.

« La pêche au thon dans les années 50 » est en vente dans les librairies et quelques commerces de Palavas-les-Flots, ainsi que chez Sauramps, à la FNAC, au Leclerc de Saint-Aunès et au Carrefour-market de Palavas-les-Flots.

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